
Le débat fait rage : faut-il laisser l’IA s’emparer de nos données et de nos agissements sur les réseaux sociaux pour permettre à des sociétés comme Meta d’entraîner leur IA Générative ?
Rappelons-le, il n’est pas question ici de tirer à boulets rouges sur l’intelligence artificielle, outil très efficace qui peut rendre de nombreux services. À l’inverse, nous sommes en droit de nous interroger sur les conséquences d’une utilisation sans contrôle de cette même intelligence artificielle.
Vos données personnelles pour mieux vous prendre par la main
La première question à se poser est de savoir pourquoi ces grandes sociétés veulent absolument avoir accès à vos données, vos habitudes et vos messages. Ne parlons pas du respect de la vie privée pourtant porté en étendard par les autorités européennes lors de la création du RGPD. Pensons plutôt à ses algorithmes qui vont vous proposer du contenu qui fait écho à ce que vous aimez déjà. On dit alors que vos réseaux sociaux deviennent des chambres d’écho dans lesquelles vous ne lisez plus et n’entendez plus que les messages qui vous conviennent. Vos propres idées ne sont plus confrontées à celles de tout un chacun, mais bien à celles de personnes qui pensent comme vous. Vous bénéficiez de moins en moins d’une certaine diversité d’opinion et finissez par vous enfermer dans une bulle, prêt(e) à lutter contre celles et ceux qui pourraient la remettre en question.
Dans le même temps, pour les entreprises utilisant les réseaux sociaux pour commercialiser leurs produits et services, l’utilisation de l’IA va permettre de vous toucher plus rapidement et de vous convaincre, encore plus rapidement, que le choix de leur marque est incontestablement le seul choix valable. Rappelez-vous que les messages conçus par l’intelligence artificielle cherchent avant tout à maximiser l’engagement de celles et ceux qui les reçoivent. Si cela doit impliquer la diffusion de fausses informations, d’informations sensationnelles…
Les biais, même involontaires, altèrent l’information…
Sortons du cadre personnel. Lorsque des groupes comme Meta disent vouloir utiliser l’IA sur les réseaux sociaux, cela s’applique à des millions de personnes à la fois. Très souvent, on entend des personnes se plaindre que les réseaux sociaux sont un peu comme le café du commerce où deux amis aimaient à refaire le monde. Sauf que, dans le cas des réseaux sociaux, la portée des affirmations est beaucoup plus large. Si affirmer que la Terre est plate à un ami de beuverie autorisera un fou rire, le concept devient problématique lorsque le message est partagé par des dizaines, des milliers, voire des millions de personnes, simplement parce qu’il a bénéficié d’un style agréable, d’un visuel attrayant ou même qu’il profite de l’adhésion de l’une ou l’autre personnalité. Dites un million de fois à l’IA que la Terre est plate et elle finira par l’affirmer elle-même de manière spontanée.
… quand d’autres manipulent volontairement l’information pour faire halluciner l’IA
Cela mène tout naturellement à penser que différents groupes peuvent intervenir sur l’information diffusée pour profiter, par la suite, des hallucinations de l’IA. Pour rappel, et pour faire bref, une hallucination de l’IA est une affirmation fausse diffusée par l’IA. Pour autant que cette information soit ensuite partagée et commentée par des gens, sans doute de bonne foi, et les algorithmes s’en empareront comme paroles d’Évangile. Un seul exemple : la manipulation des algorithmes par des partis extrêmes lors des élections a permis à des groupuscules aux thèses nauséabondes de s’infiltrer au cœur des ménages tout en offrant une image de premier de la classe.
L’utilisation de bots IA permet ainsi d’influencer les débats publics, voire même de modifier les résultats d’élections. Pour les personnes utilisant ces bots, il suffit le plus souvent de compter sur la crédulité des uns et des autres pour voir leur message se répandre comme une traînée de poudre, devenir viral et être considéré comme fondé. Pire : parce que ces mêmes groupuscules savent comment faire vibrer chez le plus grand nombre une corde sensible, ils parviennent à jeter le discrédit sur les médias traditionnels qui s’emploient pourtant à ne pas leur donner la parole.
Il faut être conscient que, aujourd’hui, partager un message haineux, aussi subtil soit-il, fait partie d’une stratégie à moyen terme pour valider des agissements condamnables. À ce titre, nous sommes tous responsables de ce que nous faisons sur les réseaux sociaux, et ce, d’autant plus si l’on offre à l’intelligence artificielle la capacité de se nourrir de ce que l’on pense être un lieu de libre expression.
Atteinte à la vie privée
Il reste important de se rendre compte que cette intrusion de l’intelligence artificielle dans votre activité sur les réseaux sociaux est une véritable atteinte à votre vie privée. En collectant les données et en les croisant, l’IA est ainsi en mesure de vous proposer des publicités et des recommandations qui répondent à vos attentes basiques, celles ressenties sans une once d’esprit critique.
Attention, cela ne se limite pas à collecter votre lieu de vie, votre lieu de travail et à vous proposer des magasins à proximité de ces endroits. L’IA s’intéresse à vos opinions politiques, à vos préférences sexuelles, à vos habitudes de consommation afin de vous offrir une « information » qui vous semblera d’emblée acceptable pour ne pas dire agréable.
De là à imaginer que certains utiliseront ces données pour vous vendre des produits dont vous n’avez pas besoin, mais qui, par matraquage, finissent par ne plus quitter votre esprit et que d’autres ne manqueront pas de manipuler de manière insidieuse vos opinions, il n’y a qu’un pas que nous aurions dû franchir depuis longtemps.
Le pouvoir de l’intelligence humaine
Le but de cet article n’est certainement pas de dénigrer l’intelligence artificielle que j’utilise au quotidien, mais bien de rappeler que l’intelligence humaine reste vectrice d’un pouvoir exceptionnel. Nous percevons, sans doute à tort, les réseaux sociaux comme une sphère de loisir, une source de distraction. Malheureusement, et des marques comme Temu en sont la preuve, ils sont surtout une zone d’influence pour dicter nos choix, manipuler nos opinions et guider nos actions… à tout le moins si on n’accorde pas à notre intelligence bien humaine la place qu’elle mérite.
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